
Thème d’une personne accompagnée dans une rupture professionnelle
C’est l’histoire d’un homme qui, un jour, s’est retrouvé malgré lui au cœur d’un conflit qui ne le concernait pas directement. Cet homme, expatrié français, travaillait comme directeur administratif sur un site en Algérie. Sa mission était claire : gérer le bon fonctionnement des opérations administratives, en collaboration avec un directeur opérationnel. Mais derrière les apparences se jouait un jeu bien plus complexe.
Le site où il travaillait dépendait de deux sociétés étrangères, engagées dans un partenariat. En surface, se déroulait un conflit institutionalisé par les deux entreprises internationales qui donnaient des ordres contradictoires à leurs représentants sur le terrain. Ce jeu a peu à peu semé le chaos. Les deux représentants sont mis sur la sellette tous les deux. Pour le salarié que j’accompagnais beaucoup des dysfonctionnements ont leur origine dans l’opposition entre lui et son collègue. Au moment que nous échangeons il en a encore une certaine loyauté envers son entreprise pour laquelle il travaille depuis 13 ans, mais les décisions prises à son égard devenaient incohérentes et le site s’est retrouvé dans une situation de dysfonctionnement majeur et il est envoyé en France en attendant leur décision depuis 6 mois.
Au début de ce conflit, cet homme, avec son professionnalisme habituel, tentait de maintenir l’équilibre. Il jonglait entre les exigences de sa société en opposition avec les décisions de son alter-égo, le directeur des opérations sur site, essayant tant bien que mal de préserver la stabilité. Mais ce jeu d’équilibriste avait ses limites. En arrière-plan les tensions entre les deux partenaires se sont exacerbées, et il est rapidement devenu clair que quelqu’un allait devoir payer le prix de ce désordre. Le coup est tombé brutalement : son contrat de travail a été interrompu et les deux responsables sont renvoyés chez eux en attendant la décision.
Lors de l’entretien il a compris que son licenciement n’avait rien à voir avec ses compétences ou son comportement. Non, il était simplement l’otage d’un conflit qui le dépassait, un conflit entre deux entreprises incapables de s’entendre. Il était, selon ses propres mots, “le dindon de la farce”.
Pour cet homme, qui subissait une véritable épreuve, il restait lucide, il voyait clairement la situation pour ce qu’elle était : un dilemme insolvable. Mais cette lucidité n’atténuait en rien la douleur. Il savait qu’il avait été sacrifié, non pas pour ses erreurs, mais pour des luttes de pouvoir entre deux entités dont il n’était qu’une simple pièce du puzzle.
Il apprenait lors de l’entretien la véritable déchirure, un licenciement avec des conséquences pour lui bien au-delà de la sphère professionnelle. En tant qu’expatrié, son salaire était doublé. Cette rémunération lui permettait de subvenir largement aux besoins de sa famille. Mais une fois rapatrié en France, tout a basculé. Non seulement il devait faire face à une baisse substantielle de revenus, mais il devait aussi affronter les répercussions morales de cette injustice. La perte de son emploi, combinée au sentiment d’avoir été trahi par des forces extérieures, pesait lourd.
Pourtant, au milieu de cette tempête, cet homme restait étonnamment honnête avec lui-même. Il ne se cachait pas la réalité de la situation. Il reconnaissait la complexité des enjeux et le fait qu’il n’avait, en vérité, aucun contrôle sur ce qui s’était passé. Cette capacité à voir les choses en face, malgré la douleur, témoignait d’une grande force intérieure.
Cette histoire n’est pas seulement celle d’un homme pris dans un conflit professionnel. C’est aussi le récit de ce que vivent de nombreux expatriés : les fragilités invisibles qui accompagnent des contrats souvent alléchants, mais précaires. C’est le rappel que, dans un monde professionnel globalisé, les jeux de pouvoir entre grandes entreprises peuvent avoir des conséquences humaines profondes.
Ce qui me semble essentiel lorsque j’accompagne une personne dans une situation aussi délicate qu’une rupture de contrat, c’est de lui permettre de mieux comprendre son attitude, sa volonté de s’exprimer, tout en veillant à la protéger, parfois même contre elle-même. Lorsque l’on décide de parler, il est crucial de ne pas se mettre dans une position vulnérable pouvant compromettre sa défense par la suite. Pour cette raison, j’ai réalisé son thème astrologique et je lui en ai parlé.
Plusieurs éléments ont immédiatement attiré mon attention à la lecture de son thème :
- Ascendant Bélier, avec Mars appliquant en maison XII, laisse présager qu’il prendra la parole lors de l’entretien. Cette configuration traduit une impulsion à agir, à défendre son point de vue, même dans une situation complexe ou cachée.
- Une Maison XII très remplie suggère une perception aigüe de son environnement. Cet homme est capable de comprendre ce qui se trame, que cela soit visible ou dissimulé.
- Lune en Taureau en maison I indique une détermination farouche. Une Lune en Taureau traduit un ancrage profond : il ne se laissera pas faire. Mais comme un Taureau, il peut aussi se braquer si on le pousse à bout.
- L’opposition Uranus/Pluton en maison VI à Mercure en Poisson et en maison XII dévoile son ressenti face à cette situation qu’il perçoit comme profondément manichéenne. Les natifs de cette génération, marquée par l’opposition Uranus/Pluton à Saturne en Poisson, ont une conscience aigüe des abus sociaux. Certains s’y adaptent, d’autres, comme lui, refusent de les accepter. Il n’est pas dans une posture de révolte bruyante, mais dans une ferme détermination : « Je ne me laisserai pas faire. »
Lors de nos échanges, il m’a frappé par sa capacité à exposer, avec une étonnante tranquillité, comment les deux entreprises avaient manigancé son licenciement. Renvoyé en France, il avait été laissé plusieurs mois dans l’attente d’une décision finale. Avec un Milieu du Ciel en Capricorne, son besoin de respect et de reconnaissance professionnelle avait été profondément bafoué. Après 13 années de loyaux services, cette rupture était d’autant plus déstabilisante.
Les transits astrologiques du moment de l’entretien étaient particulièrement révélateurs :
- Uranus en transit proche de sa Lune natale : une remise en question émotionnelle soudaine et déstabilisante.
- Neptune conjoint à Saturne natale, opposé à Uranus/Pluton natale : un flou et une perte de repères face à une situation confuse.
- Vénus en carré à ses Nœuds lunaires et son Ascendant, et en semi-carré à sa Vénus natale : cette configuration, selon Karen Hamaker-Zondag, met en lumière une rupture de confiance profonde. Ses valeurs, fondées sur le respect et la collaboration (Vénus en Verseau en maison XI), avaient été piétinées.
Malgré tout, il a fait preuve d’une grande droiture. Autant il a pris activement part à l’échange avec son employeur, refusant de se laisser effacer, autant il a su mettre en avant les valeurs qui lui tenaient à cœur. Mais ses paroles ont rencontré des réponses évasives, son employeur niant les tensions évidentes entre les deux entreprises partenaires.
Finalement, il a été licencié. Mais il ne s’est pas arrêté là. Il a entamé un procès et a été entendu. Cette détermination à défendre sa voix et ses droits, même dans l’adversité, m’a profondément marqué. Avec Chiron approchant son Soleil natal, sa reconversion a sans doute été un défi, mais je suis convaincue qu’il a réussi à transformer cette expérience en force.
Aujourd’hui encore, son thème et notre rencontre me reviennent à l’esprit, particulièrement dans cette période où tant de planètes transitent en Bélier. Cet homme incarne la résilience, la droiture et la capacité à se relever, même après une épreuve marquante.